E.S.S. : un allié précieux pour la transition alimentaire !

par | Oct 4, 2024 | Berriak | 0 commentaires

Retour sur la rencontre régionale organisée par PQN-A le 1er octobre à Poitiers sur l'ESS et les PAT. Des coopérations à booster pour agir sur le système alimentaire local et favoriser une démocratie alimentaire.

Pays et Quartiers de Nouvelle-Aquitaine proposait un RDV régional à Poitiers pour approfondir les liens entre ESS et projets alimentaires territoriaux. Une matinée à la découverte du tissu local d’acteurs de l’ESS engagés dans des initiatives tout à fait exemplaires: le réseau Capée qui coordonne une 50aine d’acteurs, et joue un rôle d’incubateur de nouvelles coopérations; l’association l’Eveil, née d’une volonté de créer du lien social, et qui a su déployer un restaurant solidaire aux côtés d’une activité maraichère; l’entreprise à but d’emploi Papiole qui assure une logistique alimentaire dont bénéficie la banque alimentaire et les épiceries sociales de la Vienne; enfin, l’association SEI (solidarité environnement insertion) qui a su allier insertion et dynamique rurale en créant une conciergerie rurale (Ô taquet), un gîte rural (L’Aigail) et un restaurant (Ô Poirion), qui fut le traiteur de cette rencontre régionale.

L’après-midi, 4 ateliers ont permis d’approfondir les questions de coopérations ESS et collectivités, de logistique, d’appui au développement agricole, et de démocratie alimentaire. J’ai animé ce dernier atelier ainsi que la plénière finale mettant en lien les enseignements de cette journée très riche.

Les échanges avec les acteurs de terrain (professionnels, acteurs associatifs, agents de collectivités, élu.e.s…) ont montré combien la coopération et le dialogue territorial étaient des leviers pour agir sur le système alimentaire, créer de nouvelles passerelles entre producteurs et habitants, de nouveaux modèles économiques et de nouvelles implications citoyennes et politiques.

KEZAKO la démocratie alimentaire ?

La notion de « démocratie alimentaire » porte en elle la « revendication des citoyens à reprendre le pouvoir sur la façon d’accéder à l’alimentation, dans la reconnexion entre celle-ci et l’agriculture » (selon les termes de D. Paturel et P. Ndiaye, de la Chaire Unesco « alimentations du monde »).  Elle porte l’idée d’une nouvelle citoyenneté pouvant orienter l’évolution du système alimentaire. Elle pose à la fois des questions de justice sociale – l’accès à une alimentation durable, la lutte contre les inégalités, les conditions d’exercice de ce pouvoir d’agir… – et de gouvernance partagée entre les différentes parties prenantes du système alimentaire local : producteurs, consommateurs, distributeurs…

Cette « citoyenneté alimentaire » se traduit par tout un mouvement social autour des circuits courts, des jardins partagés, visant à la fois à revenir à des productions locales et de qualité pour favoriser une alimentation durable et recréer du lien social entre consommateurs et producteurs. Elle se traduit aussi ces dernières années par un mouvement militant en faveur d’une « sécurité sociale de l’alimentation (SSA) » pour sortir d’un système où les produits alimentaires sont traités de la même manière que les autres produits de consommation. Un système alimentaire ancré depuis l’après-guerre dans l’exportation massive des productions locales et l’importation massive des consommations locales… En échos aux réflexions internationales portées sur la reconnaissance d’un « droit à l’alimentation » (ONU), la SSA se réfère aux droits humains et à l’idée d’universalité d’accès à l’alimentation, par système de cotisations, caisses locales, conventionnement de produits locaux, etc.

Les démarches alimentaires de territoires et les PAT (label de l’Etat: plan alimentaire de territoire) sont amenées à contribuer à plus de démocratie alimentaire. Ces stratégies interrogent à la fois la question sociale (lutter contre la précarité alimentaire), celle de l’éducation à l’alimentation – et plus globalement à la santé –, et celle de la « gouvernance alimentaire » qui suppose une mise à échelle plus grande des défis agricoles et alimentaires sur des territoires de dizaines/centaines de milliers d’habitants. Cela nécessite un dialogue avec les filières agricoles, les secteurs de la transformation et l’industrie agro-alimentaire, la restauration collective (publique et privée), les différentes échelles de collectivités compétentes…  La place des habitants/consommateurs est posée dans ces démarches qui se veulent participatives, quand bien même il n’existe pas d’outils pour exercer sa citoyenneté alimentaire.