[Photo ci-dessus: le « workshop » d’EmPACTi3 à Irun / En bas: le débat des Rencontres sur le plateau du théatre de Bayonne]
[BILLET]
IPARRALDE ETA HEGOALDEAREN ARTEKO HARREMANEN ETORKIZUNA: MUGAZ GAINDIKOAK ALA MUGARIK GABEKOAK?
Mugaz gaindiko gertakariak parte hartu ondoren, holako galdera heldu zait.
Otsailaren 12an Baionan, eta, otsailaren 13an Irunen, Mugaz Gaindiko Topaketetak eta EmPACTi3 ekitaldia gertatu dira.
Baionan, interesgarria zen mendi aldeko herri ttipietako hautetsiak entzutea: « mendia, gure arima da », « gure ondarea, gure elkargunea: jendeentzat eta kabeleentzat! ». « Mendian, industria sortu da » !
Amankomun bat da. Bainan mugaren bi aldeetan, bakoitxak bere lege-tresnak ditu.
Iparraldeko mendiko « eskualdeko parke naturala » (PNR, francesez) aipatua delarik, Europako batzordeko aditu batek hautetsiei galdegiten die: zergatik ez sortu tresna bat Ipar eta Hego Euskal Herriaren artean (AECT bat bezala / GECT francesez) amankomuna den mendi hori kudeatzeko?
Bai… zergatik?
Biharamunean, Irunen, Bilbotik, Donostiatik, Baionatik eta Bordaletik etorritako 30 ikasleak biltzen ziren, Euskampus fundazioari esker. Ekimen interesgarri honek ez du kentzen ikasleek « bestaldera » ikastera joateko dutela zailtasuna. Hendaia eta Irun arteko zubia zeharkatzeko, Europako laukitik pasatzeak badu zentzurik?
Ipar eta Hego arteko harremanen etorkizuna, Euskal Herrian, Europako funtsen eta haien proiektu deialdien araberakoa izan behar da?
Gure iragan minak debekatzen al gaituzte tresnak integratuagoak sortzeko ?
Le 12 février à Bayonne, la Communauté d’agglomération organisait la 3ième édition des Rencontres transfrontalières. Ces Rencontres sont l’occasion d’un rassemblement des décideurs politiques des deux côtés de la Bidassoa et des Pyrénées. Il y a une dimension symbolique, un signe d’espoir que la construction européenne peut faciliter un territoire transfrontalier plus intégré.
J’ai participé notamment au débat sur la montagne basque. Alors que côté nord (français) s’élabore un « parc naturel régional », il était très intéressant d’entendre des élus des communes de montagne, des deux côtés de la frontière, exprimer leur rapport à cette montagne. L’un d’entre eux résumait ainsi leurs propos : « c’est notre architecture culturelle ! ». Malgré cet attachement à cette identité de la montagne basque, la maturité de la coopération transfrontalière n’en est pas à envisager un projet commun et une gestion commune de cet espace… (voir notre [Billet] en euskara).
Alors que notre territoire est foncièrement européen par son histoire, intégré à l’Europe des échanges économiques (depuis 1986), il n’en finit pas de s’interroger sur sa capacité à organiser l’Europe du quotidien et de la proximité. D’un côté des flux d’échanges colossaux qui transitent, de l’autre une difficulté à dépasser le cadre de la coopération inter-institutionnelle, et de ses dispositifs calés sur les fonds européens. Comment vivre ce territoire transfrontalier***, étudier de l’autre côté sans avoir besoin de « faire Erasmus »…?
Justement à Irun, le 13 février, 30 jeunes des universités de l’UPV/EHU (de Bilbao et Donostia) et de Bordeaux et de l’Estia, 24 enseignants de ces universités et écoles, et des acteurs socio-économiques représentant 10 structures, étaient réunis dans la cadre EmPACTi3, piloté par la fondation Euskampus. L’objectif : mettre en situation des étudiants de l’euro-région pour mener des projets avec les acteurs socio-économiques des deux côtés de la frontière. J’y représentais avec deux autres bénévoles comme moi le Comité côte basque des Maîtres-Nageurs Sauveteurs : un club historique qui porte des valeurs humanistes fortes. Le format « workshop » de cette rencontre était stimulant. Des micro-projets se sont dessinées entre acteurs: ils seront une occasion de plus pour développer l’inter-connaissance, et dépasser « nos frontières »…
Pour approfondir cette question existentielle de la frontière, je ne peux qu’encourager à suivre de près les travaux d’Elena Casirian. J’avais œuvré pour la mise en place de son projet de recherche au Conseil de développement : « Mugalur » vise à creuser « nos frontières », nos paradoxes, nos rêves. L’avenir de la « muga » s’accroche au passé, et pourtant de ce passé peut se réinventer un autre rapport à cette frontière…
Elena Casirian a le talent de faire parler les habitants, de créer des espaces de rencontres insolites, faire dessiner les territoires vécus, mobiliser des illustrateurs pour rendre visible des trajectoires immatérielles et sensibles, et pour remettre les questions de fonds… sur la table. Pour suivre ce projet, cliquez ici
***cette question du territoire transfrontalier comme ‘territoire de vie‘ était au coeur du rapport que nous avions produit en 2019 au CDPB. A redécouvrir : ici